DANS L’ATELIER DE

 

Bent Van Looy

 

Anvers, BELGIQUE

Photographié par Charlie de Keersmaeker

 

 

Je fais tout dans mon atelier : peindre (ces derniers temps, principalement de grandes aquarelles), écrire des chansons, des textes. Les moments ci-dessous correspondent aux répétitions de nouvelles chansons pour mon émission de télévision Zingen is Goud, qui est enregistrée dans mon studio et dans laquelle des personnes viennent parler de la chanson qui a changé leur vie. Nous chantons ensuite la chanson au Wurlitzer, un piano électronique des années 1960. Je lis aussi beaucoup pour mon émission hebdomadaire Culture Club à la radio. J'adore la librairie Cronopio pour son choix aventureux. J'ai également visité l'incroyable musée Maeyer van den Bergh, situé à 100 mètres de mon studio, où je vais régulièrement pour m'inspirer de Pieter Brueghel. Puis, après le travail, je vais boire une bière dans l'ancien café Boer Van Tienen, au bout de la rue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Où se trouve votre studio à Anvers ?

 

 

 

Mon studio est situé dans un centre commercial brutaliste abandonné, au milieu du quartier commerçant branché d'Anvers. Je pense que la ville veut démolir le bâtiment, le béton s'effrite de tous les côtés, mais en attendant, les artistes peuvent utiliser cet espace. C'est un endroit magique pour moi, qui donne sur la tour de police tout aussi brutaliste et sur un gigantesque toit-terrasse, rien que pour moi.

 

 

Depuis combien de temps y travaillez-vous ?

 


Je me souviens avoir mangé une glace près de la fontaine sur la place du centre commercial, à l'époque où elle fonctionnait encore, sans doute au tout début des années 80, alors quand j'ai appris qu'ils louaient des studios d'art ici, j'ai sauté sur l'occasion ! Cela fait maintenant plus de trois ans que je peins, que j'écris et que je joue de la musique ici...

 

 

 

À quoi ressemble le quartier ?

 

 

C'est vraiment amusant d'avoir cette relique des années 70 en ruine et ses habitants souvent excentriques au milieu des rues commerçantes les plus chères de la ville. Lorsque je prends mon sandwich à midi, je tombe sur des files d'attente de touristes fortunés devant les boutiques Louis Vuitton et Chanel. C'est un drôle de contraste avec mes planchers en plastique maculés de peinture !

Avez-vous des habitudes ou des rituels créatifs quotidiens ?

 

En général, je me mets au travail dès que j'arrive. Aucune préparation ni aucun rituel n'est nécessaire. Je pense que la meilleure façon de découvrir quelque chose est de plonger directement dans le grand bain et de voir où l'on aboutit. 

C'est en refaisant surface à la fin de la journée, presque sans se rendre compte de ce qui s'est passé, que l'on accomplit le meilleur travail. J'aime me perdre dans le processus et laisser la coïncidence et le hasard jouer un rôle. Je ne suis pas un planificateur méticuleux, même si j'admire beaucoup les artistes qui le sont, qui peuvent se concentrer sur un détail pendant des jours. Je ne suis tout simplement pas ce genre de personne.

 

 

Quelle est la chanson qui a changé votre vie ?

 

J'ai grandi dans une petite cabane dans les bois, au nord d'Anvers. C'était une enfance presque XIXe siècle : pas d'eau chaude, pas de télévision ni de radio… juste se perdre dans les bois et passer de longues soirées près du poêle à pétrole. Vous pouvez imaginer à quel point j'étais ravi de trouver un couple de frères de mon âge qui vivaient dans une cabane tout aussi petite, faite en fer forgé, peinte en gris terne avec des vitres jaunes vives. La différence avec nous, c'est qu'ils avaient un petit poste de télévision en noir et blanc. Mon frère et moi étions assis là les mercredis après-midi, absolument fascinés par l'appareil. Un jour, après une longue série de programmes de la fin des années 80 (L’Agence Tous Risques, le dessin animé Rambo,...), un être extraterrestre est entré dans mon monde, lorsque le clip The Way You Make Me Feel de Michael Jackson est apparu à l'écran. Imaginez le choc, surtout pour quelqu'un qui a grandi sans musique pop - le rythme mécanique, la production brillante, la danse - sur le garçon de 11 ans que j'étais. J'ai su à ce moment-là que ma vie allait changer à jamais. C'était une révélation, une promesse de choses à venir, une perte d'innocence.

 

 

Quelques recommandations de la librairie ?

 

J'ai beaucoup aimé Les Leçons Epiques de Ian Mc Evans, cet été. Je suis toujours à la recherche de livres intéressants dont je pourrai discuter dans mon émission hebdomadaire sur la radio nationale, Culture Club. Je lis souvent deux ou trois livres par semaine, qu'il s'agisse d'ouvrages documentaires ou de romans. J'adore relire les livres. En ce moment, je revisite un roman très obscur, Stone Junction de Jim Dodge. Chaque année, je relis mon livre préféré de tous les temps. Il m'a sauvé la vie à plusieurs reprises : Franny et Zooey de JD Salinger. C'est comme un oignon : chaque lecture révèle une nouvelle couche et est, d'une certaine manière, complètement différente. Après chaque relecture, je donne mon exemplaire à quelqu'un qui pourrait en avoir besoin.

 

 

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