DE BONNE FACTURE
"de bonne facture" : expression française pour décrire une œuvre de qualité, qu'il s'agisse d'une œuvre d'art, de littérature ou d'un objet.
« de bonne facture » c’est une façon de bien faire les choses, un mot qui peut se dire pour un poème, un meuble, un vêtement. C’est une manière de dire que la conception est inséparable de la fabrication, que l’on peut respecter une certaine intégrité dans la façon de faire des vêtements aujourd’hui.
J’ai toujours été inspirée par la garde-robe masculine, par ses matières et ses savoir-faire. Pullovers en laines shetland, chemises en popeline de coton, grands imperméables bien finis... les pièces patinées par le temps m’ont toujours charmée, leurs irrégularités et leurs signes d’usure leur donnent une âme. J’aime quand ces vêtements de qualité sont portés avec une certaine décontraction, et j’observe souvent les gens dans la rue à Paris incarner ce vestiaire avec cette allure un peu informelle, qui prend aussi tout son sens quand les femmes se l’approprient.
J’ai pensé une garde-robe qui évoque des souvenirs tout en restant contemporaine. Un vestiaire qui dure par la simplicité de ses lignes et par la qualité des matériaux qui le composent, que l’on peut enfiler, user, imprimer de ses mouvements, de son histoire, tout en le reconnectant aux ateliers qui l’ont fabriqué, aux mains qui l’ont assemblé.
Le vêtement est intimement lié à la nature, à l’agriculture d’où proviennent les fibres : les fleurs de coton ou de lin, les chardons qui servaient à gratter les flanelles, les moutons dont les éleveurs tondent la laine. Certaines régions textiles maintiennent des cultures de fabrication, souvent liées aux paysages et aux activités de leurs habitants, comme la maille en Bretagne, près de l’océan, ou la laine et le cuir dans le Tarn. L’hommage à ces cultures de fabrication locales, soulignant le « made by » sans se limiter à un pays, est au cœur de ma démarche.
Déborah Sitbon Neuberg