UNE MAISON D'ARTISTE DANS LES BOIS
Bent Van Looy
ANVERS, BELGIQUE
Photographié par Charlie de Keersmaeker
Pouvez-vous nous parler de votre maison dans les bois ?
Depuis que j'ai passé mon enfance dans une petite maison de jardin dans les bois au nord d'Anvers, j'ai toujours éprouvé une profonde attirance pour les senteurs des pins, des bouleaux et de la bruyère. Je n'en croyais pas mes yeux lorsque, il y a un an, nous sommes tombés sur ce bungalow d'artiste, à quelques pas de la maison de jardin de ma jeunesse. Nous avons aussitôt compris qu'il s'agissait de la maison de nos rêves. Son charme bohème est en quelque sorte un mélange de cottage des années 1930 et de bungalow des années 1970. Le jardin à l'anglaise est superbe, quelle que soit la période de l'année, il y a toujours quelque chose en fleur. En ce moment, ce sont les éclats de couleurs automnales qui dominent.
Quels sont vos endroits préférés pour une promenade ?
Tout naturellement, le parc national de Kalmthoutse Heide, un paysage de rêve aux allures de steppe sablonneuse où poussent de vieux pins tordus au milieu de la bruyère pourpre. Notre village a été construit par des Juifs d'Anvers, qui l'ont fréquenté comme lieu de vacances au début du XXe siècle. Sur le chemin de l'école, nous passons encore devant une vieille synagogue rongée par les éléments.
Cet endroit a toujours eu un côté urbain, intellectuel et artistique, ce qui contraste avec les zones agricoles qui l'entourent. Nous avons également la chance d'avoir l'Arboretum dans notre village, une formidable bibliothèque d'arbres et de plantes rares, une oasis de beauté naturelle !
Quelles sont les routines que vous chérissez ?
Étant le père de deux jeunes filles, j'enfourche mon vélo pour aller à l'école de bon matin, traversant la forêt brumeuse et les prairies humides. C'est toujours un spectacle grandiose. Lorsque je ne suis pas dans mon atelier de peinture en ville, j'aime rester à la maison et passer le restant de la journée à travailler sur des aquarelles, de la nouvelle musique et des préparations pour mon émission de radio hebdomadaire.
Comment qualifiez-vous votre rapport à la nature ? A-t-il évolué au fil du temps ?
J'ai eu la chance de pouvoir passer quelques années marquantes de mon enfance dans ces bois. Bien que notre confort soit des plus spartiates, nous avions, mon frère et moi, fait de la forêt notre terrain de jeu. Il nous arrivait souvent de nous évader bien après la tombée de la nuit pour jouer avec deux autres frères qui vivaient plus loin dans les bois. Cette liberté est aujourd'hui difficile à imaginer. Je compte bien transmettre un peu de tout cela à nos enfants.
Comment se passe l'éducation des enfants à la campagne ?
Du haut de leurs 9 et 5 ans, mes filles se réjouissent de la beauté des bois et de la lande qui nous entourent. Je suis ravi qu'elles soient aussi sensibles aux changements des saisons. Il y a deux mois, nous avons été rejoints par deux lapins. Si Mia est un peu craintive et préfère se reposer en solitaire, Alex Van Looy, comme indiqué sur son passeport vétérinaire, est très affectueux.
Les saisons influencent-elles la façon dont vous vous habillez ?
Je dois m'adapter aux intempéries lorsque j'enfourche mon vélo le matin, bien plus qu'à l'époque où je vivais à Paris ou Anvers. Le layering est crucial, car on ne sait jamais ce que nous réservent les 20 prochaines minutes. En cette saison, je privilégie les grands manteaux de laine et je quitte rarement la maison sans un couvre-chef.
Qu’en est-il de votre manière de peindre ?
Bien que je n'aie pas vraiment développé le pleinairisme, les saisons influencent indéniablement ma palette de couleurs. Je prends beaucoup de photos d'arbres crochus et singuliers. Il est certain qu'ils apparaîtront dans mes toiles un jour ou l'autre.