PORTÉ PAR

 

Bent Van Looy


Photographié par Charlie de Keersmaeker

 

Je l’ai su dès que je l’ai senti.

Le parfum de pin et de bruyère de la réserve naturelle de Kalmthoutse Heide, porté par le vent jusqu’à la gare de Heide. J’ai pris le train pour venir voir une maison qui serait bientôt mise en vente. La brise parfumée m’a transporté aux quelques années heureuses que j’ai passées, enfant, dans une maison de jardin dans un village voisin, à une seule station de train d’ici. Livré à lui-même, le terrain herbeux parsemé de petites fleurs se transformerait rapidement en forêt.


À la fin de l’été, on peut voir des ouvriers enlever la couche supérieure d’humus pour empêcher les jeunes racines d’arbres de s’enfoncer trop profondément. Rien n’égale la vue des grands animaux de pâturage, comme les moutons et les vaches des Highlands, émergeant en silhouettes dans la brume matinale. Vivre à deux pas de ce paysage magnifique est l’une des principales raisons pour lesquelles nous avons décidé de nous installer ici.  

Cela, et l’odeur. 



J’ai vu pour la première fois un échantillon de la chapka en tweed "Sonsie" lorsque je suis allé à Paris l’année dernière pour une séance photo pour De Bonne Facture avec mon ami et talentueux photographe Charlie de Keersmaeker. Je l’ai tout de suite adorée, appréciant sa chaleur enveloppante, alors que Charlie et moi bravions l’humidité d’un matin de novembre pour cette série photo.

J’adore lorsque les vêtements franchissent la frontière entre notre monde réel et le domaine des histoires, de la littérature et de l’art. Les vêtements de De Bonne Facture viennent incontestablement de cet univers : en allant du modeste chapeau "Holden Caulfield" tiré directement de L’Attrape-cœurs, au tombé théâtral et à la coupe spectaculaire du désormais classique manteau croisé, ils sont imprégnés de couches de sens, de références et de contexte.