Pourriez-vous vous présenter ?
Je m'appelle Faye Fearon. Je suis journaliste de mode, née et élevée à Liverpool, et je vis maintenant à Paris. Ma perception du style s'est développée à travers la musique, les films, les livres et l'art, c'est pourquoi j'écris toujours sur les vêtements en ayant la culture à l'esprit.
Peux-tu nous présenter cette pièce ? D’où vient-elle ? De quand date-elle ?
C’est une cravate tricotée classique, réalisée à base de laine marine, mesurant 5,5 cm de largeur et présentant une finition carrée. Elle a été fabriqué en Italie, mais elle a trouvé acquéreur dans les années 1950, dans la ville maritime de Liverpool.
A-t-elle appartenu à quelqu'un d'autre avant toi ? L'as-tu acheté pour toi ? Pourquoi l'as-tu acheté ?
C’est mon grand-père qui en avait fait l’acquisition et qui l’a portée en premier. Il a grandi dans une ville ouvrière juste à côté de Liverpool. Pour les classes populaires post-Seconde Guerre mondiale, la cravate en maille était un accessoire abordable – les Beatles en portaient aussi. Mon père en a hérité et me l’a donnée l’an dernier. C’est la première (et la seule) cravate que je possède et je la garde comme un véritable trésor.
Te souviens-tu quand tu l'as porté pour la première fois ?
C’était l’an dernier, pour le défilé Margaret Howell. Je me souviens qu’on m’a lancé quelques regards obliques sur le trajet, ce qui m’a paru plutôt amusant. Même si nous sommes en 2020, l’image d’une femme en cravate, dans un contexte stylistique et non pratique, provoque encore des réactions.
Quels sont vos souvenirs liés à cette pièce ?
Je pense tout d’abord à mon grand-père et à la manière dont il portait la cravate dans les années 1950. Cela m’évoque les créateurs de cette période, comme Ted Lapidus et Yves Saint Laurent : tous deux se réclament de la mode unisexe. Les femmes sont encore loin de se sentir complètement à l’aise dans des vêtements masculins au style formel, mais porter une cravate est un premier pas. Alors cette pièce m'évoque les conversations qu’elle a suscitées - toujours mise en lumière par diverses personnes.
Y a t il des marques d'usure ? As-tu déjà réparé cette pièce ?
Il y a une petite trace d’usure sur l’arrière de la cravate qui été déjà là quand je l’ai reçue. Elle n’est pas visible quand elle est portée, mais même si on pouvait la voir, je ne pense pas la faire recoudre. J’aime les signes de caractère sur les vêtements.
Quand le portez-vous d'habitude ? Tu te souviens quand tu l'as porté pour la dernière fois ?
Je n’ai pas eu l’opportunité de la porter dernièrement en raison du nouveau style de vie imposé par le confinement. Je crois l’avoir mise pour la dernière fois lors d’un voyage pour Brick Lane. Bien sûr, on associe la cravate à un style formel, mais j’aime m’amuser des conventions. Le style c’est s’habiller pour soi-même et cet accessoire très personnel me conforte dans cette idée.
La cravate tricotée de son grand-père
Portée depuis les années 1950