Pourriez-vous vous présenter ?
Je suis auteur et journaliste. J'ai publié des albums pour les enfants mais aussi des livres pratiques et de cuisine. Côté presse, je suis le rédacteur en chef adjoint du magazine Regain. Je m'intéresse aux producteurs, aux artisans et aux artistes pour qui "faire, c'est penser."
Je suis Tourangeau mais j'habite à Paris. J'adore chercher, ramasser et cuisiner les champignons.
Pourriez-vous nous présenter cette pièce ? D'où vient-elle ? De quand date-t-elle ?
J'ai acheté cette ceinture à Kobé au Japon en 2013. À l'époque, je travaillais avec ma copine de l'époque dans uneferme maraîchère du village de Ichijima dans la préfecture de Hyōgo. C'était une expérience incroyable, très enrichissante mais aussi épuisante. Le Japon, avec ses codes, ses attentes et sa culture, est un endroit fantastique qui demande beaucoup d'énergie au quotidien, surtout quand on est un "gaijin" et le travail à la ferme était physiquement super intense. Nous avions choisi de visiter Kobé lors d'un temps libre car cette ville, historiquement reconnue comme étant le berceau du commerce international du Japon, avait la réputation d'être ouverte, créative et cosmopolite.
Comment l'avez-vous trouvée ?
Quand on travaillait à la ferme, nous étions nourris et logés. On travaillait dur, je me rappelle que nous devions nous lever avec le soleil, et on vivait au rythme de notre famille d'accueil. Nous vivions très chichement, sans dépenser d'argent. Une fois arrivé à Kobé, j'ai vraiment eu envie de me faire plaisir, de me récompenser des efforts consentis. Je me rappelle avoir d'abord cherché le meilleur café de la ville, je crois n'avoir jamais rien bu d'aussi bon de ma vie. Puis nous avions flâné dans une boutique de fringues vintage qui vendait des bleus de travail français de la marque Danton (je n'en n'avais jamais entendu parler, ça m'a marqué de découvrir cette veste là-bas). Le maroquinier était juste à côté, l'atelier était ouvert sur l'extérieur, niché dans une maison d'angle. Les cuirs étaient magnifiques, ça sentait bon. Sans trop réfléchir, j'ai pensé que c'était le genre de pièce que je pourrais garder longtemps et qui me rappellerait mon expérience nippone.
Vous souvenez-vous de la première fois que vous l'avez portée ?
Pour tout dire, je suis sorti du magasin en portant ma ceinture et, depuis ce jour, je l'ai mise tous les jours où j'ai porté un pantalon avec des passants. Tous les jours depuis dix ans ! Je ne sais même plus si je la trouve belle ou pas, je l'adore, je l'emmène partout.
Quels sont vos souvenirs liés à cette pièce ?
Cette pièce fait tellement partie de mon quotidien que je n'ai pas vraiment de souvenir qui lui est associé. Ou plutôt tous mes souvenirs de ces dix dernières années lui sont associés ! Ha si, je me rappelle m'être servi de ma ceinture comme d'une laisse pour mon chien un jour où j'avais oublié la sienne...
Y a-t-il des signes d'usure ? Avez-vous déjà réparé cette pièce? Ma ceinture a dépassé le stade la patine, elle commence à être abîmée. Je crois qu'un passant à disparu. J'avais moi-même creusé un trou au tournevis mais je ne me souviens plus pourquoi car ce qui est certain, c'est que je n'ai jamais été aussi maigre ! Pour tout dire j'ai longtemps erré sur Google Street View à la recherche du maroquinier chez qui j'avais acheté cette ceinture. J'aurais aimé lui dire que je porte sa ceinture tous les jours chez moi en France et aussi toutes les histoires que je vous raconte aujourd'hui. J'aimerais aussi lui acheter une nouvelle ceinture quand la mienne va finir par se casser. Ce jour approche et je ne suis pas prêt à changer. Alors si jamais vous me lisez à Kobé, si vous reconnaissez cette boutique, faites-moi signe ou si vous voulez m'inviter pour enquêter : faites-moi signe !
Quand la portez-vous habituellement ? Vous souvenez-vous de la dernière fois que vous l'avez portée ? Je la porte tous les jours dès que j'ai un pantalon. Je l'emporte avec moi dans tous mes voyages. La dernière fois que je l'ai porté c'était le jour où je vous l'ai laissé pour que vous preniez vos photos !